Le diabète voyage

 

Organiser un tour du monde, c’est surtout décider de partir, enfin, c’est ce qu’on lit dans Google… En fait, c’est aussi et surtout organiser le tout.

Et pour notre cas, c’est se renseigner côté diabète sur les démarches à faire avant le départ et les différentes choses à savoir selon les pays traversés.

Notre médecin et l’AJD nous ont déjà bien aiguillés pour les généralités, à savoir :

Pour les douanes, toujours avoir avec soi les documents suivants :

– Certificat en français, en anglais, en espagnol
– Ordonnance listant tous les types d’insuline nécessaires au traitement et le matériel qui va avec

Ayant eu une mauvaise expérience en Croatie l’été passé, nous savons combien il est important de prévoir le voyage dans la durée et les stocks qui vont avec : lors de nos vacances à Zadar, nos valises ne nous ont pas suivi.

Pour deux semaines sur place, nous avions emporté en bagage à main l’équivalent de 5 jours en aiguilles. Nos valises nous ont été livrées le 13ème jour ! Nous nous sommes mis en quête de ces aiguilles dans plusieurs pharmacies croates : bien qu’en Europe, le standard local n’était pas le même qu’en France. Le 4ème pharmacien, plus impliqué, a réussi à nous en commander., nous avions commencé à ré-utiliser quelques aiguilles… ouf ! On appellera ça de la chance.

 

Insuline
Pour ce tour du monde ordinaire, nous avons donc choisi de prendre avec nous tout le stock d’insuline. Certes c’est aussi une contrainte puisque le produit doit être conservé au frais. Nous avons donc investi dans deux sacs réfrigérés EasyBag (Medactiv) qui nous satisfont très bien.
A chaque fois que nous changeons d’hébergement, nous devons donc confier les sacs pour le réfrigérateur et les poches réfrigérantes pour le congélateur.
Nous savons donc le dire dans toutes les langues des pays traversés !

Et pour les aéroports, nous gardons le tout (insuline, 2 Freestyle et quelques dizaines d’aiguilles) en bagage à main : pas question de le mettre en soute ! Un sourire à l’employé de la compagnie aérienne et ça passe.

Freestyle et aiguilles
Quand nous avons retiré le stock pour 6 mois chez notre pharmacienne préférée, nous nous sommes rendu compte du volume correspondant :(énorme ) nous étions déjà dans la prise de tête à savoir quoi emmener et de quoi se passer pendant 6 mois de périple entre les 40°c du Brésil et les froids polaires du Sud de la Patagonie…

Nous avons donc pris l’option d’emmener avec nous 3 mois et demis de stock et nous faire envoyer le reste par des amis à mi-parcours. Nous choisirons une adresse sûre, chez un ami au Japon, pays dans lequel nous passerons plusieurs semaines.

Par sécurité, nous avons réparti le reste des stocks (moitié-moitié) dans nos deux grosses valises qui voyagent en soute.

Pour ce qui concerne la fiabilité des Freestyle passés aux rayons X (scan de contrôle de sécurité dans les aéroports), après 15 vols, nous n’avons pas constaté de défaillance.

Pour le quotidien, on peut dire qu’on a la chance que le diabète de Juliette soit relativement aisé à gérer. Cependant, loin de notre zone de confort, certains facteurs sont plutôt compliqués :

– dans un pays inconnu, difficile de savoir si l’assiette commandée sera copieuse ou non, et même savoir décrypter la carte voire même se demander ce qu’on a dans notre assiette : pour estimer le poids de glucides, on se fie donc dans les cas extrêmes à notre expérience…

– bien évidemment, en voyage, les habitudes n’existent plus : l’heure des repas est changeante, les activités physiques sont variées, le décalage horaire par là-dessus, nous contrôlons de façon plus attentive grâce au Freestyle.

le plus compliqué jusqu’à ce jour a été l’altitude. Le Pérou était un de nos rêves de toujours, malheureusement, on y évolue entre 0 (Lima est au niveau de Pacifique) et plus de 5 000 mètres dans la région du fabuleux Canyon de Colca par exemple. (où nous avons observé les condors)
Nous avons nous-mêmes soufferts du manque d’oxygène et de ce que l’on appelle le mal des montagnes. Juliette, – grand bien lui en fasse ! -n’a pas ressenti de gêne de ce type.

En revanche, le graphique quotidien de son scan a fait les montagnes russes ! Les hypos de la fin de matinée sont plus fréquentes et se présentent plus rapidement. Et les hypers du soir, après repas sont également plus surprenantes.
Nous avons donc dû augmenter sa Lantus d’une part et sa Novorapid quand nécessaire.

Heureusement Juliette sait reconnaître ses signes d’hypo et nous prévenir : nous avons toujours dans le sac à dos, quelque soit l’endroit où nous crapahutons, un paquet d’Oreo et quelques sucres. Elle est d’ailleurs ravie de goûter à ses sucreries quand c’est obligatoire !

Par exemple, au beau milieu du désert de Siloli, au sud-ouest de la Bolivie, à deux heures de piste cahotique de toute vie humaine, entre l’étrange Arbre de Pierre et la majestueuse Laguna Colorada, le scan affiche 61… et un Oreo ou deux plus tard, on repasse à 100, le déjeuner pique-nique n’est plus très loin.

Après deux mois d’aventures loin de notre canapé et de notre diabétologue, nous sommes ravis de notre décision de parcourir le monde, malgré le diabète de Juliette et toutes les contraintes qui en découlent. Certes, la gestion est plus incertaine mais à nous trois, comme le dit le proverbe :

«Seul on va plus vite, mais ensemble on va plus loin ! » Même avec ce bagage encombrant qu’est le diabète, nous encourageons ceux qui hésiteraient encore à franchir le cap. La maladie ne doit pas éteindre nos rêves, au contraire, pour notre cas, elle nous a poussé à réaliser un des plus fous.