Après les quarante degrés d’Iguaçu et la chaleur urbaine de Buenos Aires, direction la fraîcheur de la Patagonie du Sud.

Située juste avant le bout du bout du monde (Ushuaia), El Calafate est la porte d’entrée au Parque Nacional los Glaciares.
Arrivés au petit aéroprt en short, on est carrément à côté de la plaque côté dress code ! On sort les polaires, les pantalons et les grosses chaussettes, merci Decathlon.
La petite cité (25 000 âmes comme Montbéliard) ressemble à une de ces petites villes de la ruée vers l’or des westerns, perdue loin de tout. Une rue principale pavée de commerces, banques, restos, saloons et confiterias. balayée par le vent, elle vit au bord du lago Argentino, au pied de la Cordillère des Andes.

Magnifiques paysages dans des tons de bleus, de gris et de jaunes : minéral. Les terres arides de la Pampa ne sont pas très «végétal-friendly», peu d’arbres arrivent à s’enraciner ici. On sent les mêmes effets sur le caractère des gens d’ici : ils sont venus ici en quête de calme et de sérénité. C’est aussi le royaume des moutons : le cordero est servi à toutes les sauces, cuit écartelé au feu de bois, exploité pour sa laine, présent dans la déco cosy-rustico-contemporaine de notre hôtel.

Premier matin bleu azur sur place, en route pour le fameux Perito Moreno : notre chauffeur de taxi uruguayen nous accompagne pour une heure de route. Plus nous approchons de notre destination et plus notre ciel vire à un gris humide et froid. A chaque virage qui nous rapproche, curieux et impatients, nous scrutons l’horizon nuageux et bas.

Le glacier Perito Moreno (du nom de l’expert qui l’a découvert) est l’un des trois seuls glaciers de Patagonie qui n’est pas en recul. Le front du glacier fait approximativement 5 000 mètres de longueur, sa hauteur est de 170 mètres dont 74 mètres sont émergés, le reste se trouvant sous les eaux du lac Argentino. Il avance d’environ deux mètres par jour. À certains endroits son épaisseur atteint 700 mètres.

Les chiffres sont une chose, mais le voir, c’est le croire !

Deux façons de le découvrir :
1. Balade à travers la forêt sur des passerelles métalliques avec vue de dessus et de face et petit tour en bateau
2. Vue depuis le bateau sur le lac avec croisière autour des icebergs

Nous ne savons pas choisir, nous prenons les deux options.
On commence donc ce samedi matin du 9 février par l’option passerelles.

Un blizzard à décorner les cocus, un petit 9 °c ressenti -9, nous voilà vigorifiés* quand le taxi nous jette dehors !
* #jinventedesnouveauxmots

Nous voilà, comme des gamins, sur les passerelles, un peu trop pressés d’ailleurs : notre Juliette nous offre une cascade dont elle a le secret et glisse sur le métal froid. Plus de peur que d’entorse, elle s’en tire avec une petite torsion du genou sans gravité. Nous reprenons notre descente dans les craquements du glacier : Perito est un être vivant dont les bruits participent à notre émerveillement : coups de fusil quand la glace craque, sons d’avalanche lorsque des pans entiers de falaise gelée se détachent pour plonger dans l’eau verte et laiteuse du lac Argentino.

Majestueux, imposant, puissant, les 50 nuances de bleu du monument glacé remplissent nos six oeillots émerveillés ! Dream in blue : pour une première rencontre, nous sommes sous le charme et reprenons rendez-vous pour le lendemain.

Dimanche bateau. On embarque pour le Parque Nacional Los Glaciares à la rencontre d’Upsala, Spegazzini les cousins du Perito Moreno. Au menu du jour : trois glaciers et leurs bébés icebergs en mode croisière-freezer.

La découverte de notre premier iceberg nous emplit de joie et d’excitation : imaginez un glaçon géant, d’un bleu curaçao plongé dans l’eau verte du lac argentin. Nous croiserons plusieurs de ces sculptures extraordinaires, nos yeux éblouis de tant de pureté, de couleurs presque surnaturelles !
Malgré le ciel qui fait grise mine, chacun des trois glaciers nous offrent étonnement et admiration. Les photos témoigneront mieux que nous de ces moments de magie du sud de l’hémisphère sud.

Dans le bateau, entre deux glaciers, Juliette remplit son cahier d’écritures et de couleurs.

Vu du pont du bateau, le Perito Moreno est le clou de la croisière. Sa taille et ses reliefs sont encore plus impressionnants que la veille : ses pics, ses failles, ses crevasses, ses camaieus de blanc, gris et bleu témoignent de la puissance et de l’imagination de la nature.

C’est avec une émotion profonde que nous saluons une dernière fois ce géant millénaire alors que notre vaisseau nous éloigne de ses glaces animées…

Premier rendez-vous

Deuxième rencontre