Celle qui fut la capitale du Vietnam jusqu’en 1945, l’ancienne cité impériale est une ville paisible et romantique, traversée par la rivière des Parfums. Nous avons la chance de passer trois jours ici, alors que se tient le festival vietnamien de l’artisanat : soie de toutes les couleurs, bois sculpté, vêtements traditionnels, étoffes brodées, on découvrira sur les rives du fleuve côtier les plus belles facettes du savoir-faire vietnamien, la foule en plus…

Premier matin, nous voici en taxi direction le Tombeau de Minh Mang : ce mausolée de l’empereur du même nom comprend pas moins de 40 monuments. Palais, pavillons et temples répartis symétriquement sur un jardin magnifique, très inspiré des jardins Ming chinois. On passe trois ponts et des troupeaux de carpes Koï affamées pour nous rendre vers le mausolée qui surplombe une petite colline verdoyante. La végétation est splendide : lotus, arbustes façon bonsaïs, fleurs de frangipaniers invitent à une balade bucolique…

La visite terminée, difficile de trouver un moyen de transport pour notre étape suivante : la pagode Thien Mu. Pas de bateau comme on le croyait et les chauffeurs de taxi sont tous en attente de leurs clients en train de visiter le mausolée… Après discussion, et après avoir sauvé un papillon pris au piège dans un des taxis, nous voici en voiture pour la fameuse pagode. Mais avant de nous y rendre, nous cherchons un petit restau pour nous sustenter…

Tripadvisor nous conseille deux adresses que nous trouvons au bout des rues d’ébénistes qui regardent bizarrement ces 4 touristes : des français qui supportent difficilement la chaleur de plomb de ce milieu de journée et se cassent le nez sur les deux portes closes… L’un des artisans, un très vieux monsieur, est tout heureux de nous parler en français et nous indiquer un boui-boui au bord de la rivière.

Nous mangerons au 9999 : quelques poules, quelques canards nous indiquent que nous sommes sur le bon chemin. L’endroit est très typique, pas l’ombre d’un touriste, six vietnamiens attablés buvant de la bière Saïgon et avalant des coquillages dont ils recrachent les coquilles à même le sol. On s’installe sur des chaises en plastique au bord de l’eau. Nous ne prenons pas trop de risque car le menu ne parle que le vietnamien. Nous commanderons du poulet et du riz… et une Saïgon bien sûr !

Nous reprenons la route à pied, le ventre plein, même pas malades, pour nous diriger vers la fameuse pagode. On l’appelle aussi Pagode de la Dame Céleste. Construite en 1601, elle est la plus haute du Vietnam du haut de ses six étages. En 1710, une cloche de 3285 kilos est ajoutée à l’édifice, la plus puissante de l’époque, on l’entend à plus de 10 km de là.

Tout au bord de la rivière des Parfums, on monte les marches au milieu d’une foule de touristes. Les jardins sont somptueux : des fleurs de flamboyants, des bonsaïs en pot, une équipe de bonzes qui font une partie de football. La Pagode est tout en haut d’une colline, visible de très loin et l’atmosphère est paisible, malgré les touristes présents.

Pour rentrer à l’hôtel, nous prendrons place à bord d’un dragon boat, la petite pluie de ce début de soirée nous accompagnera sur les flots jusqu’au centre de la ville. Le Hue Traditional Craft Festival nous attend : sur les bords de la rivière, la foule, des centaines de chapeaux vietnamiens et de lampions de papier décorent la balade. Le pont est éclairé de couleurs changeantes, les différents stands proposent toute la palette des créations vietnamiennes en matière d’artisanat d’art. Nous déambulons dans cet éventail de boutiques colorées. Nous dégusterons un repas sur le pouce dans un stand de cuisine japonaise, assis sur des tout petits tabourets dans le joli parc du centre ville.

Le lendemain matin, deux ballots de linge sale sous le bras, alors que nous parcourons les rues à la recherche d’une laverie, la laverie vient à nous ! Une jeune fille en scooter s’arrête devant nous pour nous proposer ses services : ni une, ni deux, elle embarque Agnès et les deux ballots sur son scooter direction la laundry !

Après le petit déjeuner, nous prenons place à bord de deux pousse-pousse pour traverser la ville et rejoindre la Citadelle de Hué. C’est l’exemple typique d’une ville impériale du Vietnam. Elle est composée de trois cercles de remparts, cité interdite, cité impériale et une muraille de dix kilomètres de périmètre, six mètres de haut, 21 mètres d’épaisseur, avec dix entrées.

Nos deux cyclistes chevronnés nous emmènent dans une course folle dans les rues animées et sur le pont Trang Tien, (construit par notre Gustave national), où nous slalomons entre les quelques voitures et les nombreux scooters pétaradants…

Arrivés entiers, nous entrons par la porte principale, jadis réservée à l’usage exclusif de l’empereur. Comme chez les Chouchoux de Meroux, l’architecture respecte les principes d’harmonie du yin et du yang ainsi qu’une symétrie toute orientale. Nous évoluons à l’ombre des grands arbres et des corridors aux portes de bois rouge. Nous visitons quelques-uns des temples magnifiquement décorés : statues aux expressions étonnantes, stores de bambou peints de dessins traditionnels, bâtons d’encens et leurs volutes de fumées nonchalantes… Juliette nous attend sur un banc devant un des temples, alors que nous enlevons nos chaussures, une chinoise s’installe à ses côtés pour prendre un selfie qu’elle postera certainement dans la foulée sur Wechat (le réseau social préféré des asiatiques. WTF ?! Ses yeux bleus et son teint de porcelaine les fascinent…

Lorsque le soleil se couche, nous prenons la direction de la gare ferroviaire pour une drôle d’expérience… Un trajet de quinze heures pour relier Hanoï en train couchette. Lorsque nous entrons dans notre cabine, nous découvrons nos quatre couchettes plutôt confortables bien que déjà occupées par des locaux : quelques insectes rampants de la race des cafards. Rien de bien grave, nous rirons bien tandis que nous nous efforçons tant bien que mal de nous installer sur les (mini) lits superposés. C’est un peu sport mais nous nous attendions à plus d’inconfort… La nuit sera néanmoins courte : les asiatiques aiment à rigoler et discuter dans les couloirs des wagons jusque très tard. Après un sommeil chaotique comme les voies ferrées qui nous emmènent à la capitale, nous débarquons vers midi sur le quai d’Hanoï. Après une halte-étape de quelques heures dans cette charmante ville, nous reprenons au soir un deuxième train-couchette, même pas peur ! En quittant la gare, notre train traverse la fameuse «rue du train» : les immeubles y sont tellement rapprochés qu’on a l’impression de passer dans le salon des riverains ! C’est devenu une attraction pour les touristes du monde entier : nous y ferons une halte lors de notre séjour à Hanoï…

Notre deuxième cabine est plus authentique, tout en bois avec de petits rideaux jolis. Monter sur les lits superposés est tout aussi sportif : Margaux et Christophe occupent les couchettes hautes tandis que Juliette et Agnès dorment en bas, au cas où une hypo pointerait son nez. Les chocolats sont prêts si nécessaire… Les matelas sont plus épais, les insectes ne nous accompagnent pas cette fois, et les corridors sont plus silencieux, en revanche, les voies sont nettement plus rock’n roll !

Nous nous souviendrons de cette épopée qui nous emmène à l’extrême nord du Vietnam, juste en dessous de la frontière chinoise, les rizières en terrasse de Sapa nous attendent…